Ajax


a
Texte Yannis Ritsos
Conception Marianne Pousseur et  Enrico Bagnoli
Musique originale Marianne Pousseur
Mise en scène, espace, et lumières Enrico Bagnoli
Son et décor sonore Diederik De Cock
Interprétation Marianne Pousseur
Costumes Christine Piqueray
Assistanat Ilaria Mozzambani et Emilienne Flagotier
Après les créations d’Ismène et de Phèdre, Marianne Pousseur et Enrico Bagnoli achèvent avec Ajax leur trilogie sur la tragédie grecque et leur recherche sur ses ramifications dans le monde contemporain. Ils s’appuient une nouvelle fois sur un texte de Yannis Ritsos.
Toute l’oeuvre de ce grand poète grec, né en 1909 dans le Péloponnèse, mort à Athènes en 1990, deux fois déporté et emprisonné par les dirigeants de son pays, est imprégnée de son attachement à la « grécité ». Yannis Ritsos tire sur les racines de cette mémoire historique pour la transporter jusqu’à son époque. La compagnie Khroma poursuit à son tour le chemin entamé par le poète pour la transporter jusqu’à nous. Au texte d’origine, viennent se greffer la voix, le corps, la musique et les arts visuels que Marianne Pousseur et Enrico Bagnoli utilisent l’un et l’autre magnifiquement, et qui sont pour eux autant des instruments techniques que des incitants poétiques.
A la mort d’Achille, Ajax ramène le corps du héros grec dans son camp et pense recevoir de bon droit les armes du défunt, mais c’est à Ulysse qu’elles sont remises. Ajax devient fou de rage. Il se précipite pour massacrer Ulysse et tous ses compagnons, mais berné par la déesse Athéna, il massacre en réalité des troupeaux de moutons. Lorsqu’il reprend ses esprits, l’humiliation l’accable. Il se tue avec l’épée qu’il avait reçue en cadeau du prince troyen, Hector, après un long duel qui les opposa – l’un des plus importants de L’Odyssée – mais dont nul ne sortit vainqueur. Le combat fut arrêté par Zeus et par la nuit tombante.
Yannis Ritsos commence l’histoire d’Ajax au sortir de sa rage et de son aveuglement, au moment où il reprend peu à peu ses esprits. Après Sophocle, après Ovide, le poète lui donne la parole pour le conduire à sa propre vérité et l’amener à son tour à parler. La pensée, la construction d’une prise de conscience et d’un positionnement par rapport au monde, l’apprentissage de la parole, se fondent dans un monologue de toute beauté au bout duquel Ajax trouvera dans les mots de nouvelles armes et une nouvelle forme d’héroïsme. De géant programmé pour agir en fonction des autres, il devient un géant incapable de bouger un seul grain de sable, un être humain conscient de ses fragilités et qui aura appris à parler comme tout homme devrait pouvoir le faire face à un autre : d’égal à égal.



After the celebrated productions of Ismène and Phèdre, Marianne Pousseur and Enrico Bagnoli end their trilogy on Greek tragedy’s ramifications in the contemporary world with ‘Ajax’, using once again the bittersweet poetry of Yannis Ritsos.

In addition to the words and imagery of the poet, the voice, body, music, light and visual arts represent technical instruments as much as poetic stimulation. By creating an artistic language and atmosphere where sound and senses are closely linked, the Khroma company puts us on the path of this fallen hero, searching for his own truth. It is a path to unfolded thought, to liberated speech, and to a new consciousness of the world around him.

What if the honours, glories and praises were mere illusions? What if the honour-code of the heroic society were just a fantasy?
Following the death of Achilles, Ajax rightfully thinks he will receive the weapons of the deceased, but they are instead given to Ulysses. Enraged, Ajax hurries to slaughter Ulysses and his companions. However, filled by the goddess Athena, he kills a flock of sheep in their place.

Once he recovers his mind, the humiliation reaches him, disturbing the very essence of his masculinity.

Yannis Ritsos starts the story of Ajax here: the point at which he recovers from this rage. He gives him a voice, and makes him speak to find his own truth.
Ajax finds in the word a new weapon, and a new kind of heroism. From a programmed giant forced to act according to the will of others, he becomes a man unable to move a single grain of sand, a human being conscious of his weaknesses, who ends up killing himself with the sword that he had received as a gift.

The Ritsos piece is filled with the spirit of the Greeks. He doesn’t actualize the tragedy, but brings it alive it by linking it with the shadows of his contemporary world. The classics allow us, more than ever, to understand our own time. Ritsos wrote Ajax between 1967 and 1969, during a tragic period in Greek history (that of the colonels’ dictatorship), and a troubled time in his personal history (he had been transferred to Samos for health reasons).


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Extraits de Presse:



Les trois monologues du poète grec Yannis Ritsos (1909-1990) sont travaillés au corps, à la voix, à la scène par Marianne Pousseur et Enrico Bagnoli, l'une, interprète, chanteuse et compositrice captivante, l'autre, magicien des lumières, des images, de l'espace. Ensemble avec Diederik De Cock, créateur sonore, ils construisent une forme artistique ensorcelante, ils n'illustrent pas, mais ouvrent des pistes de réflexion et d'imagination : une étonnante et exigeante perfomance, pour ce beau texte poétique d'Ajax.

Michelle Friche, Le Soir


Le spectacle donné en ce moment au Petit Varia est une épure, rendue possible par un travail long, intuitif, parfois sinueux, mené depuis dix ans par Marianne Pousseur et Enrico Bagnoli. Elle est musicienne, chanteuse "classique", comédienne, compositrice; lui est créateur de lumières, sculpteur d’espace, metteur en scène. [...]

Un carré de huit mètres sur huit, bordé par des lames de miroir suspendues, avec, au fond, un grand disque souple, miroir lui-aussi, et, au centre, un tapis de peaux de bêtes. Trois projecteurs, une régie son. [...]

Dans cet environnement strictement compté, les maîtres développent un travail scénique live d’une virtuosité et d’un raffinement inouïs, jouant sur les lumières et les miroirs avec une précision d’orfèvre, multipliant les ouvertures poétiques sans avoir l’air d’y toucher tout en utilisant des images fortes et agissantes...

Martine Dumont-Mergeay, La Libre Belgique


La mise en scène de Bagnoli, magnifique de lumineuse simplicité, d’une épure forcément lunaire et fascinante, entre en résonance avec la performance hypnotisante de Marianne Pousseur qui chuchote, chante, déclame ou vocifère l’amertume du vainqueur vaincu, soutenu par le décor sonore de Diederik De Cock, mêlant à son discours des voix de fantômes, d’esprits, des mélopées ensorcelantes.

Bernard Roisin, L'Echo


On peut dire d'"Ajax" que c'est une véritable oeuvre d'art, à part entière, une performance artistique parlée-chantée fascinante dont Marianne Pousseur est le pivot esentiel. À la base, il y a une longue et patiente recherche sur la langue, grecque et française, sur les sons, par Marianne Pousseur, en même temps que par Enrico Bagnoli, sur la lumière, l'espace qui joue avec elle, les images produites. La participation de Diederik De Cock pour un fond sonore qui devient un autre personnage fait de voix, d'esprits vocaux, est aussi remarquable, et ces trois artistes se révèlent indissocialbles en parfaite cohérence et collaboration.

Suzane Vanina, Rue du théâtre


Un enchantement poétique ! Un magnifique spectacle de la compagnie Khroma ! Une femme compositrice, chanteuse, comédienne, attachante, émouvante : Marianne Pousseur !

Roger Simons, Les feux de la rampe



Dans un carré, fait de plaques réfléchissantes, avec des jeux de lumière parfaitement étudiés et d’un effet parfois bluffants (telle la lance), Enrico Bagnoli a conçu une scénographie soignée, d’une esthétique magnifique, avec un souci du détail et une inventivité folle.
À l’opposé, sa mise en scène, d’une grande sobriété gestuelle, axe tout sur le poème de Yannis Ritsos et le jeu fascinant de Marianne Pousseur.

Muriel Hublet, Plaisir d'offrir


Une nouvelle réussite du tandem Marianne Pousseur-Enrico Bagnoli! Le texte et le personnage nous «touchent», au double sens physique et psychique, grâce à la sensorialisation de leur propos scénique: c’est le corps de Marianne Pousseur qui dit et module les mots, les chante; ce sont les battements de son coeur qui les pulsent ; c’est elle qui fait naître la lumière, dans ses éclats ou crépuscules. Quelle performance pour la comédienne, la chanteuse ; quelle magnifique conjonction significative que celle du couple créateur qu’elle forme avec Enrico Bagnoli.

Stephane Gilbart, Blog Facebook


Soulignons d’ailleurs la superbe scénographie ainsi que le jeu de lumières qui donnent du relief à un texte exigeant et méritant une attention de tous les instants. Miroirs, tôles vrombissantes et rais de lumière structure l’espace et le temps de cette performance chuchotée. Chanteuse et musicienne, Marianne Pousseur rythme son monologue d’airs tantôt tribaux, tantôt plus lyriques.

Nicolas Naizy, Metro

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